Le violeur d'image - 1983

Alors oui, dessin ou peinture ?
Me concernant, le problème est réglé. Du jour où j'ai pris conscience que les définitions ne sont que des mots, que nous sommes capables d'outrepasser. Des pinceaux, des stylos, de l'encre ou des pigments, c'est égal ! Je figure au moyen de formes et de couleurs, j'exprime l'invisible par le visible, tel que dit par Fromentin. Je suis un (artiste)peintre depuis que j'ai décidé de l'être… Enfin, non… Puisque comme le sous-entend Eugène Leroy, et pour paraphraser sa pensée : je suis peintre parce qu'il faut être peintre pour faire des images, et ce sont les images qui font faire la peinture. Paraphrasant encore, cette fois Henry Bataille, je dis : puisque je regarde les images somnolant dans ma tête, c'est que je suis peintre.
Il n'y a pas de honte à pratiquer le dessin, il n'y a aucune obligation ni avantage à étiqueter. Aussi, pourquoi la question initiale ? Pour avoir le sentiment profond que tant qu'il verra dans mon travail des dessins et non de la peinture, le spectateur et ses a priori se défiera de mes images, non pour ce qu'elles sont mais pour ce qu'elles ne sont pas.
Alors, ai-je ce besoin si impérieux de la complicité du spectateur dans mon travail ? Non. Point en amont, point avant et pendant l'acte. Ce n'est qu'après, une fois la tâche achevée, que le spectateur entre en jeu, il ach�ve l'image par sa méditation ou son rêve, écrivait Fénéon.
Sans parler du fait qu'en adhérent à mon projet pictural, le spectateur devient potentiellement celui par qui je peux gagner mon pain quotidien… Mais ceci est une autre histoire.