C'était le 16 octobre 2006, dans les locaux de l'IDS à Paris, cinq jours après le vernissage de l'exposition que l'organisateur, sans autre forme de procès, a décroché un certain nombre de tableaux de Gilles Le Corre, peintre de la nudité, qu'une honteuse délicatesse de la part de l'auteur de la censure a averti après coup et par téléphone interposé. Personne n'est tenu d'aller à la rencontre ou d'apprécier le travail d'un artiste. Et personne n'est autorisé à faire entrave à la découverte d'une œuvre et du public, bien évidemment si l'œuvre ne porte pas en elle un contenu potentiellement attentatoire à la dignité humaine. Ce 16 octobre, qui a provoqué le scandale ? Gilles Le Corre, à travers son œuvre ? Les zélateurs d'un retour à l'ordre moral, pressant qu'on leur cache ce sein qu'ils ne sauraient voir ? Le responsable de la cimaise, plus soucieux de garder propre la vitrine que de défendre le travail de ceux qu'il expose ? Je réponds, pour ma part, à cette question en citant Gilles Le Corre, lequel pose cette autre question : Pourquoi la nudité ?, et y répond : Nudité égale clarté, simplicité, absence de dissimulation, de déguisement. Par extension : Loyauté, franchise, sincérité, confiance, abandon (donc absence de peur). On peut ajouter encore ignorance du " péché ", innocence, état de grâce, sainteté, d'où " La nudité comme métaphore de la sainteté ", qui pourrait être la devise du site ( ), évoquant ici une sainteté non attachée à une religiosité particulière. Je rappelle qu'on parle, d'ailleurs, de " saint laïque ". Comme la totale franchise, la sainteté, sous tous les cieux est dérangeante. En résumé : La nudité, parce que révélant l'insolente vérité de l'être, par opposition aux grimaces du paraître. " Le corps humain est la meilleure figure de l'âme humaine " Ludwig (Joseph, Johan) Wittgenstein in "Tractatus logico-philosophicus" (1921) Pardonnez-moi, mesdames et messieurs les censeurs, mais je crois que dans le travail de Gilles Le Corre, et à bien comprendre votre offense, vous n'avez voulu ou su (ce qui est pire à mon sens) voir que ce que vous avez bien voulu ou pu (ce qui est pire à mon sens) voir… C'est-à-dire pas plus loin que le bout de cette concupiscence qui vous démange tant et que vous vous hâtez de déguiser de crainte qu'elle ne trahisse vos bas instincts. Pardonnez-moi, monsieur l'organisateur, mais je crois qu'en exposant le travail de Gilles Le Corre, et à bien comprendre votre trahison, vous n'avez vu qu'une occasion de plus de vous faire mousser, quant au premier vent contraire vous avez fermé votre porte de crainte de la prendre en pleine figure, cette mousse. Honte à vous !